Une génératrice sous le capot de votre voiture électrique!
Le rêve de transformer votre véhicule électrique en source de courant pour la maison est maintenant possible. En effet, grâce au travail d’un ingénieur québécois qui a mis au point une borne de recharge bidirectionnelle qui permet à la fois de recharger le véhicule électrique, d’alimenter la maison ou même de fournir une quantité d’énergie sur le réseau d’Hydro-Québec.
La technologie de chargeur bidirectionnel de la société montréalaise dcbel a le potentiel de changer la manière dont les réseaux gèrent l’électricité.
Le rêve de la voiture électrique capable d’alimenter une maison est maintenant une réalité grâce à l’entreprise montréalaise dcbel. Son chargeur bidirectionnel certifié, fruit de huit ans de recherches, a fait son apparition en mars dernier dans des maisons californiennes. L’appareil, nommé Ara, permet de recharger sa voiture, mais aussi, inversement, d’alimenter son domicile à partir du véhicule.
« Et ça marche aussi en cas de panne d’électricité », dit l’ingénieur et PDG Marc-André Forget, qui utilise la technologie à sa demeure de Saint-Lazare, près de Montréal. « La dernière fois, j’ai mis 20 minutes à réaliser que mes voisins étaient dans le noir. C’était ma voiture qui alimentait la maison. »
Mais Ara, c’est plusieurs systèmes en un. Pour les maisons dotées de panneaux solaires et d’autres auxiliaires (batterie ou génératrice), l’appareil, de la taille d’une pharmacie de salle de bains, gère l’ensemble du dispositif maison-auto. Grâce à la domotique, Ara peut optimiser la consommation des appareils électriques de la demeure, négocier avec le réseau le meilleur moment pour recharger la batterie de l’auto pendant la nuit et, si les tarifs sont trop élevés, détacher la maison du réseau. Là où la revente d’électricité est permise, ce système d’intelligence artificielle peut négocier en temps réel avec la compagnie d’électricité la revente des surplus du dispositif maison-auto. Et même donner à la compagnie d’électricité ses prévisions de consommation du domicile sur sept jours !
Cette technologie, qui a le potentiel de changer la manière dont on gère le réseau, intéresse beaucoup Hydro-Québec, qui a lancé cette année un plan d’investissement pharaonique pour augmenter sa capacité de production. Comment, en effet, tirer profit du potentiel des deux millions de voitures électriques que pourrait compter le Québec d’ici 2030 ? « Avec la moitié d’une batterie de Leaf et quelques panneaux solaires, on alimente une maison pendant 48 heures », affirme Marc-André Forget.
En janvier 2024, la Californie a annoncé une subvention aux consommateurs de 52 millions de dollars américains pour l’achat et l’installation des 12 000 premiers appareils. À l’hiver, Électricité de France testera la technologie sur quelques centaines de demeures, qui s’échangeront l’électricité.
En trois millisecondes, explique l’ingénieur, Ara peut transformer une maison consommatrice en une maison autonome, voire productrice, capable d’injecter de l’énergie dans le réseau. Lorsqu’on multiplie cette capacité par 1 000 ou 10 000 maisons, ça équivaut à de grosses installations électriques. Et à l’échelle du Québec, deux millions de voitures électriques représentent un potentiel qui permet de quasiment doubler la puissance installée d’Hydro-Québec !
« On passe de l’abonné consommateur à l’abonné collaborateur », dit Marc-André Forget.
Le PDG convient que ni Hydro-Québec ni les Québécois ne sont prêts à ce changement. « L’électricité au Québec, c’est encore le buffet à volonté, illustre-t-il. Et pour un réseau qui a toujours été pensé selon une gestion centrale, la notion de consommateur partenaire est une grosse bouchée à prendre. »
L’entrepreneur admet également que la bouchée est énorme pour une jeune pousse d’une centaine d’employés. Même si dcbel a signé des partenariats avec Volvo et le fabricant de batteries LG, sa production n’est encore que de quelques centaines d’appareils par année. « On veut faire croître l’entreprise de manière ordonnée, explique-t-il, et ça tombe bien parce que le Québec n’a pas à gérer une situation difficile dans l’urgence. Ça donne aux Québécois le temps de débattre [au sujet de leur collaboration avec Hydro] et de bien faire les choses. »
27 novembre 2024
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